Par Camille Serres
On ne s'autorise plus à désirer. Voilà un constat que j'ai fait en observant les clients que j'accompagne en coaching, et si j'ai trouvé l'information passionnante, je l'ai aussi trouvée alarmante.
On ne s'autorise plus à désirer, et a fortiori, encore moins a exprimer son désir...
Pourquoi est-ce que je m'interdis le désir ?
Ou bien, peut-être que mon désir me semble irréalisable. Peut-être que j'aspire à une expérience extatique quasi divine, ou peut-être que j'aspire à séduire telle ou telle personne, mais qu'elle « est trop bien pour moi »... Et moi, pauvre hère, je ne suis pas à la hauteur de mon désir, alors autant l’étouffer dans l’œuf.
Je trouve pertinent de se poser la question de pourquoi je refoule mes désirs. La réponse n'est pas forcément simple ni immédiate, et elle n'a pas besoin d'être complète. Simplement se poser la question et observer les début de pistes de réponse c'est suffisant pour commencer à tirer des fils de croyances limitantes qui m'empêchent d'être heureux.
S'autoriser à désirer
Mais il s'agit surtout, dans un second temps, d'ouvrir la porte.
Le fantasme, le désir qui n'a pas besoin de se réaliser, c'est un espace de liberté infinie. Sur ce blog, on parlera de sexualité et de relations humaines, mais le désir touche à l'intégralité des sphères de la vie. Je peux être végétarien et avoir le désir, parfois, de manger de la viande : j'ai le droit, et je ne serai pas puni pour ça. C'est mon espace de liberté. Libre à moi, par la suite, d'agir ou non en direction de la concrétisation de ce désir. Je peux aussi avoir le désir de voler alors que je n'ai pas d'ailes, de me baigner dans du lait d’ânesse alors que c'est hors de prix ou de vivre dans un château avec domestiques alors que je prône la répartition équitable des richesses. Personne ne le saura, personne ne me jugera... à part moi. Mon intimité, ma liberté.
Laisser la place au désir d'exister, à l'intérieur de sa propre psyché, c'est autoriser l'existence de certaines parts de soi que l'on s'interdit d'être. Si je m'autorise à désirer, je m'autorise à exister pleinement. C'est le refoulement qui mène à la névrose et à ses dérives, avec en première ligne le malheur, la tristesse, l'aigreur et la jalousie par rapport à ces autres qui, eux, s'autorisent non seulement à désirer, mais parfois même à réaliser ces désirs !
Il ne s'agit même pas encore de les exprimer, ces désirs : juste de les laisser vivre.
Leur laisser un espace sécurisé où ils ont le droit d'être, et où je pourrai sans crainte les contempler. Un de mes clients a choisi de consacrer une pièce de son palais mental à l'exposition de ses désirs. Ils ont une vraie place, maintenant, dans sa psyché, et depuis qu'il s'autorise à les regarder (sans obligation de les réaliser), quelque chose s'est ouvert en lui. Petit à petit, il s'autorise à exprimer certains d'entre eux à voix haute, pour lui-même d'une part, et avec le témoignage d'une oreille bienveillante qui se contente de les accueillir d'autre part.
Il s'autorise à nouveau à désirer.
La liberté d'exister en intégralité
Ce qui se libère avec les désirs et l'expression de ceux-ci, c'est le droit d'être pleinement soi, dans tous ses aspects. C'est comme une fenêtre qui s'ouvre et qui apporte un souffle d'air frais à la vie. Peut-être de premières chaînes qui sautent, le premier pas vers une pleine affirmation de soi.
Si je m'autorise à désirer, je peux accueillir le désir de l'autre avec bienveillance également. Je m’apaise. L'autre ne me menace plus ; je n'ai plus besoin de juger ses désirs (ce sont les siens après tout, ils lui appartiennent) et je n'ai plus non plus besoin de me sentir jaloux de sa liberté puisque je suis libre, moi aussi.
Le désir seul n'engage à rien, au final. Il n'y a rien qui soit moins dangereux que le désir en soi. Les seules conséquences qu'il implique relèvent d'une meilleure connaissance de soi.
Il n'y a pas grand chose non plus qui soit plus puissant : un désir brûlant peut mettre le feu aux poudres et amener à soulever des montagnes. Martin Luther King avait le désir d'un monde où les Blancs et les Noirs pouvaient cohabiter dans la paix et le respect, et lui ne s'est pas contenté de rester dans la contemplation. Mais il s'agit là d'une autre étape.
Il est également certain qu'une meilleure connaissance de soi finit souvent par aboutir à l'impossibilité de se mentir à soi-même. Je l'admets : ça, ça peut faire peur. Personnellement, je trouve que c'est une bonne nouvelle. Je n'ai jamais trouvé aucun avantage à rester empêtré dans ses illusions.
Article écrit par Camille de L'arbre Serpent
Et maintenant, une vidéo avec Laure & Emmanuelle qui raconte des histoires personnelles pour illustrer cela :